VINCENT KISTNER Biker au grand cœur
09/11/2021
Il paraît que l'on ne peut pas acheter le bonheur, pourtant quand vient le temps d'acquérir la moto de ses rêves, une vieille légende raconte que c'est presque la même chose. Dans ce domaine, il existe le " motocross " , cette discipline souffrant des pires échos et cantonnée parfois aux pages des faits divers dans les journaux. Elle serait destinée essentiellement aux Bad Boys des ruelles sombres, sans foi ni état d'âme, passant leur temps à jurer comme des charretiers et où les femmes demeurent inexistantes.
FAUX votre honneur ! Le motocross est une discipline à part entière et ce n'est pas Vincent KISTNER qui dira le contraire, la bécane, c'est toute sa vie, la sienne sera d'ailleurs rythmée par l'euphorie et le bruit du moteur. Issu d'une famille d'entrepreneurs français d'origine alsacienne, il ne cessera d'aller au bout de ses rêves tout comme GOLDMAN, il raconte son parcours comme un môme attachant qui livre ses tripes, presque spirituellement.

« Je suis né en 1987 à Villeneuve-Saint-Georges dans une famille épanouie et accomplie. J'ai grandi dans une atmosphère très agréable, l'école n'étant pas mon domaine privilégié. J'étais légèrement indiscipliné et je n'appréciais pas notre système scolaire. J'étais un déconneur, j'aimais faire rire tout le monde, y compris les professeurs, donc je suppose que ce n'était pas malveillant, mais j'avais du mal à me concentrer et en général à suivre toutes les consignes que l'on pouvait me donner. »
Petit Vincent est déjà fermement déterminé à atteindre ses objectifs, l'enfant est plein d'énergie, donc ses proches font tout leur possible pour le motiver à s'engager dans une activité sportive.
« J'ai commencé le ski à l'âge de 4 ans, j'ai exploré tous les sports collectifs, c'était une expérience qui s'est avérée efficace. J'appréciais ce système et les fondements à partager, en comprenant que l'on a besoin d'une équipe pour atteindre de grandes réussites. Après avoir apprécié ces valeurs humaines, j'ai ensuite commencé à pratiquer des sports plus personnels et individuels, ce qui a révélé un autre aspect de mon caractère : mon goût pour le perfectionnisme, depuis toujours. Même lorsque j'étais vainqueur, j'avais toujours une envie de plus grande force, toujours plus profonde dans mon esprit, et cela ne m'a pas quitté depuis. Le sport a influencé ma façon de penser et de faire, j'ai suivi ma scolarité traditionnelle en France (primaire et collège) comme un enfant qui n'apprécie pas la méthode, tout comme d'autres. »
« J'apprécie cette progression dans mon domaine et je m'efforce de transmettre cela aux plus jeunes et de leur faire comprendre que même s'ils ne sont pas bons à l'école, qu'ils ne se sentent pas à l'aise avec leur scolarité, il existe d'autres activités qui peuvent leur permettre de s'épanouir pleinement et de grandir dans des conditions favorables. Certains de mes enseignants ont eu des réflexions qui pouvaient me décourager, qui me disaient que je n'étais pas bon, jusqu'à me dire que ma vie future serait un échec. De plus, il est courant de dénigrer aujourd'hui des professions essentielles telles que les ouvriers des bâtiments, les éboueurs et les femmes de ménage, alors que nous avons besoin de tous ces métiers. Il est nécessaire de faire de notre société une force, en mettant en place un ensemble de mesures. »
« Dans mon domaine professionnel, je suis en contact avec des individus âgés de vingt-cinq ans avec des masters en poche. En théorie, ils sont excellents, mais en pratique, ils sont perdus. En réalité, il leur faut plusieurs années pour s'adapter au travail et tirer parti de leur manque de connaissances et de la réalité du terrain. »



À son 9e anniversaire, il apprend ce qui deviendra sa passion pour toute une vie, le motocross. Le baptême aura lieu au moto club de Brie-Comte-Robert sous la supervision d'animateurs. En une journée, le jeune ne s'endormit plus jamais de la même façon.
« Je ne vivais que pour le bruit d'une machine et les sensations qu'avait pu me procurer à l'époque le fait de rouler entre des quilles et des cônes. Mes parents ont pu constater un véritable épanouissement en moi pendant quelques heures, car c'est un sport coûteux. Sans mes proches, que ce soit pour les aspects financiers ou pour leur volonté de me voir m'épanouir, cela n'aurait pas fonctionné, c'est certain. »
« J'avais déjà pris conscience à l'époque que je ne pratiquais pas le football, ce n'était pas seulement une paire de Nike et un ballon, c'était bien plus. Une moto financièrement, cela était différent, un véritable défi pour mes parents, étant donné que notre discipline est malheureusement assez limitée par cela. Aujourd'hui, il s'est avéré difficile de commencer cette activité. »
« Il est évident que des ressources considérables et légales sont nécessaires, en outre, cela ne nécessite pas nécessairement une médiatisation. De plus, avec les réseaux sociaux, on peut observer un peu de tout et surtout de n'importe quoi, ce qui n'est franchement pas le reflet de la réalité. La structure parentale est également essentielle, et il est également possible d'investir par la suite dans une licence afin de donner à la jeunesse les moyens de faire les choses appropriées. »

Certains mômes sont originaires de différents endroits, à la fois des villes et de la campagne, sans préjugés ni frontières, seulement passionnés par la bécane. Le biker leur donne des conseils sur la manière de pratiquer cette activité en toute sécurité et en dehors des conventions.
« Si tu t'inscris, je suis heureux, c'est l'objectif, si ce n'est pas le cas, je ne suis pas Dieu et je ne vais pas te juger. Chacun s'épanouit selon ses capacités, tous ceux qui ont franchi le pas dans le but de rejoindre un circuit ont beaucoup à apprendre. Il arrive parfois que plus ils passent du temps dans la rue, plus on réalise qu'ils atteignent un certain niveau. Ensuite, c'est une question d'estime de soi, suis-je capable de commencer cette activité de manière différente? Après avoir acquis un bagage, une expérience, des habitudes et un niveau technique, est-ce qu'ils sont prêts à recommencer? Cela représente un acte de sacrifice. »
« Par ailleurs, c'est ce que tu dois faire pour devenir un véritable pilote de motocross. À l'âge de 10 ans, j'ai eu ma première moto et pendant un an, je n'ai fait que parler de cela, j'ai également effectué quelques stages cette année-là. Mes parents souhaitaient vérifier s'il s'agissait simplement d'un coup de tête ou s'il y avait réellement une réelle raison derrière. C'était une RT100 Yamaha, une machine idéale pour l'apprentissage car elle est à deux temps, agréable à conduire, peu nerveuse et équipée d'une boîte de vitesses avec embrayage. »

« Il arrive parfois que nous ayons besoin de nous tromper afin de rebondir, de grandir et de nous renforcer, tout simplement. Je ne connais aucun entrepreneur ou sportif qui n'ait pas été victime d'une leçon un jour. »
« Afin d'aider les enfants à acquérir une autonomie sur une moto, j'ai eu l'opportunité de continuer à fréquenter ce moto club pendant plusieurs années. L'année suivante, j'ai obtenu ma première YZ80, qui était une véritable machine de motocross. Elle était conçue pour la compétition, je ne pouvais l'utiliser que pour des loisirs. L'activité a rapidement évolué et mon niveau technique également, ce qui a eu un impact considérable sur mon cœur et ma tête, sans parler du cadre familial. »
« Au moto club, nous étions les amis de la moto et j'allais à l'école en me disant qu'il était nécessaire que je travaille bien la semaine sans faire de bêtises afin de pouvoir participer au club le week-end. C'est ainsi que ma scolarité s'est régulée. Lorsque j'avais un mot, une heure de travail et que mes démons anciens prenaient le contrôle, j'étais immédiatement privé de ma moto. Cela m'a donné une peine qui m'a renforcé, m'a enseigné à m'éduquer seul et sans violence. »
Le championnat de France cadet en 85 cm cubes marquera le début de cette saison. Les compétitions sont particulièrement sérieuses, avec un rythme de compétition rigoureux et une rigueur extrême.
« C'est impressionnant, mais cela apporte des valeurs. Si on ne respecte pas les chronos, on remet tout en question. On peut être un pilote très compétent et se tromper sur des épreuves, c'est de l'amour-propre que l'on renforce. Comme tout sportif, nous étudions et nous nous battons pour éviter de commettre les mêmes erreurs, la frustration nous pousse incontestablement à grandir. Il arrive parfois que nous ayons besoin de nous tromper afin de nous relever, de progresser et de nous renforcer, tout simplement. Je ne connais aucun entrepreneur ou sportif qui n'ait pas été victime d'une claque un jour. »
« Ces valeurs m'encouragent à penser qu'un échec peut être une leçon si l'on parvient à comprendre pourquoi, ce qui entraîne finalement une victoire. Au collège, les choses se sont compliquées car les compétitions sont devenues plus sérieuses, ce qui m'a fait perdre ma motivation et mon envie. De plus, je n'allais parfois pas en classe le vendredi car j'étais en déplacement. Après avoir passé le brevet des collèges, je n'ai pas été accepté pour intégrer un lycée en France. Mes parents m'ont donc encore une fois beaucoup soutenu, mais ils souhaitaient que je trouve un cursus scolaire traditionnel. »
« Afin de rester dans ce domaine, j'ai commencé avec un CAP et un BEP en mécanique/moto. Ma mère a décidé de me faire partir aux États-Unis, car elle ne me voyait pas dans cette branche. À l'âge de 15 ans, j'étais un peu le type que tout le monde regardait. J'ai été élevé dans une famille d'accueil exceptionnelle au Colorado, même si j'étais médiocre en anglais et très timide à l'époque. Aujourd'hui, je suis reconnaissant envers mes proches de m'avoir permis de vivre cette expérience. »
Le choc culturel va décupler ses valeurs et il prend réellement conscience de ce qu'il peut faire, il découvre l'american way of life dont il tombe fou amoureux
« Le côté humain et patriote, l'accueil que j'ai reçu, on ne m'a pas fait de reproches, en France, nous cherchons à dissimuler les différences, alors que là-bas c'est une force. J'ai été vraiment impressionné par le système scolaire américain, et 18 ans plus tard, je n'ai toujours pas oublié cette sensation. Partir en emportant mon goûter au beurre de cacahuète avec moi, prendre le bus jaune, c'était comme si nous étions en vacances. »
« Nous sommes ensemble en communauté, il y a du partage, chacun apprend de l'autre, j'ai aimé découvrir de nouvelles cultures et comprendre l'autre. On allait chaque dimanche à la messe, dans le sport, nous avions même développé le catéchisme, il nous arrivait même de prier avant le match, de ce premier voyage, je suis resté 3 mois à l'intérieur pour bénéficier du visa touristique qui est de 90 jours. »
Je suis reparti en France avec l'objectif unique à l'époque de vivre là-bas, c'était un rêve de gamin, à 15 ans, je vais repartir pour revenir 3 mois plus tard. Mon ambition était née, une évidence, tous mes choix étaient faits pour ça, par la suite ma mère m'a inscrit au CNED et j'ai pu recevoir mes cours aux USA. J'ai quitté le système scolaire américain dit " standard " à 17 ans pour rentrer à la LSI, (Language School International) et cela pour plusieurs années. »
Des étrangers du monde entier et de chaque niveau, ensemble, ils partagent tout, une fois qu'ils atteignent le niveau maximum de l'école, ils ont la possibilité de passer un diplôme d'État
« Une fois l'anglais acquis, j'ai souhaité faire la même chose avec la langue espagnole, alors je suis resté dans le même organisme, mais à Madrid cette fois et toujours en famille d'accueil. Le système européen était très semblable au nôtre, j'habitais chez une dame âgée qui était adorable et sur dix personnes de ma classe, nous étions six français à l'époque, j'étais réellement conscient de l'argent que cela pouvait coûter à mes parents. »

Au bout de sept jours, il contacte sa maman en lui demandant de stopper définitivement le financement de cette étude, il souhaite revenir en France, mais il réalise rapidement que l'évolution ne peut pas être optimum. Il repartira peu de temps après, destination l'Amérique centrale au Costa Rica, un nouveau choc
« Des personnes qui n'avaient pas grand-chose matériellement, mais tout dans le cœur, ce qui change du reste, je suis resté huit mois sur place et j'ai pu apprendre l'espagnol. D'un déclic, d'une envie de faire quelque chose, se projeter, concrétiser, cela peut être simple ou la traversée du Sahara sur plusieurs années, il faut énormément de travail et une fois que c'est obtenu, il arrive que cela ne soit toujours pas suffisant, on peut en vouloir toujours plus. »


